La forteresse de glace grise by Jones J.V

La forteresse de glace grise by Jones J.V

Auteur:Jones, J.V. [Jones, J.V.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: fantasy
Publié: 2014-02-15T17:03:48+00:00


VINGT-DEUX

Trahison

Quand Raina lui tendit le bloc de sel à lécher, la vache avança le mufle avec tant d’empressement qu’elle lui lécha la main entière, en lui maculant les doigts de salive. Après s’être assurée qu’Anwyn Poule et elle se trouvaient seules, Raina éclata de rire. Les vaches n’avaient aucune manière.

« Ne va pas exciter mes mignonnes, Raina Grêlenoire, l’avertit Anwyn. Leur lait donne suffisamment peu de beurre comme cela. »

Raina se calma et détailla Anwyn. La matrone du clan se faisait vieille. L’épaisse couronne de cheveux tressés autour de son crâne était complètement grise désormais. Où était passé l’or ? Raina se souvenait encore d’Anwyn telle qu’elle l’avait vue la première fois, l’été de son arrivée de Dregg.

Toutes les femmes du clan s’étaient réunies dans la cour pour l’examiner. C’était son oncle qui avait arrangé son placement, le deuxième en trois ans, et bien qu’il se montrât le plus souvent affable et plein de bonnes intentions, il avait également un penchant prononcé pour le malt rouge. Et quand il avait bu, il devenait vantard. Sans doute avait-il beaucoup bu le jour où il s’était rendu à Grêlenoire pour négocier son placement, car, plus tard dans la soirée, il avait déclaré devant une pleine assemblée d’hommes des clans que sa nièce était non seulement très belle, mais qu’elle avait aussi la grâce de Moira la Triste en personne, ainsi que l’intelligence d’Hoggie Dhoone. Raina rougissait encore en y repensant. Naturellement, à son arrivée, les femmes du clan la détestaient déjà. À treize ans, elle était déjà une femme faite, dans tout l’éclat de sa beauté. Le fait qu’elle n’avait pas la grâce de Moira la Triste devint rapidement évident quand elle sauta au bas de son petit poney gris pour s’étaler dans la boue. Cela n’avait pas suffi à faire oublier les vantardises de son oncle, malheureusement, et Lally Corne, qui avait accepté une vache laitière et son veau pour la garde de Raina, tourna les talons et refusa de la prendre chez elle. La fille Dregg était une tentatrice, disait-elle, qui détournerait les soupirants de ses propres filles. Lally Corne avait été trompée ! Et s’il était possible qu’elle rende la vache, elle avait bien l’intention de conserver le veau pour sa peine.

C’est alors qu’Anwyn était intervenue.

Raina ne la connaissait pas encore à ce moment-là. Elle découvrit une femme forte, aux traits rudes et énergiques dissimulés derrière un rideau de longs cheveux dorés. Anwyn les tressait quand elle avait entendu les éclats de voix dans la cour. La matrone du clan eut tôt fait de prendre les choses en main. Elle indiqua à Raina qu’elle n’aurait qu’à dormir dans la cuisine avec elle. Après quoi elle informa Lally Corne qu’elle partait chercher quelque chose à manger à la visiteuse mais que, à son retour, elle s’attendait à trouver une vache et son veau dans la grand-cour ; sans quoi, les dieux lui en soient témoins, elle casserait le nez de Lally et bouclerait Laida Lune une bonne semaine dans une cellule humide, afin que la guérisseuse ne puisse pas la soigner.



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